![]() |
Mardi 12 Janvier 1999 INTERVIEW « Des sportifs à part entière » La championne colmarienne Béatrice Hess vient de se voir confier une mission sur le sport au féminin par la ministre de la Jeunesse et des sports. En quoi consiste cette mission ? En 99 se tiendront les assises du sport féminin. Dix groupes de travail ont été mis en place par Jeunesse et sports, comme par exemple le sport de haut niveau ou le sport et les médias. J'ai été sollicitée pour participer à un groupe et j'ai choisi le sport et l'insertion. Des réunions de préparation se sont déjà tenues à Paris. On va mettre sur pied une sorte de rapport pour voir ce qui va ou ce qui ne pas va, notamment dans le but d'améliorer la condition féminine, les aides financières, les projets de loi. A la suite de deux ou trois réunions, j'ai appris que Richard Jamieson, directeur de la patinoire, organise à Colmar les championnats du monde de hockey féminin. J'ai trouvé que c'était là l'occasion de faire une réunion ensemble à Colmar, ce mercredi, pour faire remonter les problèmes à Paris. Que représente pour vous cette collaboration avec la plus haute instance du sport national ? Je suis la seule personne de handisport. Mais pas la seule de haut niveau. Dans les groupes de travail figurent Marie-Claire Restoux notamment. C'est très important que le handisport soit représenté. Nous, handicapées, sommes aussi des sportives et nous voulons être considérées comme telles, même si nous sommes différentes. J'ai des problèmes supplémentaires du fait de mon handicap. La femme a déjà des problèmes pour pratiquer un sport en tant que femme. Dans la natation par exemple, il faut surmonter son handicap. Et l'accessibilité aux installations sportives n'est pas toujours évidente. Je suis fière et contente de participer à ce travail. Et ceux qui participent à la réunion de mercredi sont partenaires. Ils apportent leur goutte d'eau à l'édifice et participent à l'avancée des travaux. L'insertion de la femme dans le sport ne concerne pas que des handicapées. Les footballeuses, les rugbywomen ne sont souvent pas mieux loties que des handicapées. Le sport est trop à l'image de l'homme. Tout est fait pour les hommes et jamais pensé pour les femmes. Les médias doivent s'intéresser au sport féminin. L'après-Coupe du monde a permis de voir que les femmes s'intéressent aussi au sport. C'est dommage qu'on ne l'ai découvert qu'après. Encore qu'en Alsace, ça va. Les statistiques le prouvent. Comment, sur le terrain, allez-vous travailler, et avec qui ? Richard Jamieson et moi-même avons invité la personne qui s'occupe du pôle de basket féminin à Colmar ; mais aussi Véronique Simon, du club de prévention Florimont ; Hubert Krempp, de Jeunesse et sport à Strasbourg ; Paulette Bride, du centre médico-sportif ; Cathy Oberlin, arbitre de football féminin, ou Marie-Reine Le Goune, présidente des clubs de sport de glace de l'est. La réunion, qui se tiendra ce mercredi, à 18 h 30 à la patinoire, permettra de mettre l'accent sur nos problèmes, en présence d'entraîneurs d'équipes féminines, de sportifs féminines, de sportifs qui travaillent essentiellement avec des femmes. Ils pourront dire quels problèmes ils rencontrent sur le terrain. Le compte-rendu de cette réunion sera présenté à Paris, pour expliquer ce qui se passe loin de la capitale. Est-ce une mission bénévole ou s'agit-il d'un travail rémunéré ? Je suis toujours bénévole. Je n'ai pas de salaire. Le fait d'avoir une lettre de mission me permet de me faire rembourser mes frais de transports. J'estime qu'il est de mon devoir de témoigner. Qui mieux que ceux qui sont arrivés peuvent témoigner ? Béatrice Hess, championne de natation handisport, met son expérience au service du sport au féminin. |