Dimanche 28 Mai 2000.

Grand luxe pour une « Béa »

A quelques mois des Jeux Paralympiques de Sydney, Béatrice Hess s'est offert à l'occasion des premiers « Laureus Sports Awards », qui comptent parmi son jury des gens comme Becker, Platini, Comaneci, Jordan, Spitz ou Pelé, une parenthèse de trois jours à Monaco. Récit. « Un jour d'avril, j'ai reçu un courrier de Londres dans lequel on m'invitait à passer trois jours à Monaco. » Habituée aux longueurs de bassin de la piscine de Colmar (« Je m'entraîne 6 à 7 heures quotidiennement... »), Béatrice allait devoir se faire, 72 heures durant, aux langueurs de la vie en hôtel de luxe à Monaco. « Cette convocation m'a fait drôle. On m'y demandait quelles étaient mes exigences. » Passer d'une vie simple à une vie extraordinaire n'est pas... simple. « Alors que je pensais à des exigences sportives, on me demandait si j'avais une préférence pour le choix de ma limousine. Gloups ! » Les gardes du corps de Stallone Habituée à rouler dans une voiture au compteur rodé (« 198000 kilomètres... »), c'est une superbe limousine, accompagnée d'un chauffeur, qui l'attend à l'aéroport de Nice ce 23 mai. « Le matin de mon départ, alors que je rentrais de l'entraînement, j'ai reçu un fax avec le programme officiel et le type de tenues à porter lors des différentes soirées. J'ai dû rouvrir mes valises Le temps de constater que sa garde-robe pouvait « coller » pour la première soirée (« Une soirée décontractée... ») et Béatrice s'envolait vers le luxe. « Ca fait drôle de passer d'un monde à un autre monde. Les gens, qui me servaient, étaient mes égaux, mais me traitaient comme une star. » Les deux premières soirées déroulent leurs écrins de beauté et de paillettes. « Les plus beaux mannequins du monde étaient présentes : Naomi Campbell, Karen Mulder. Je n'ai pas vu Adriana Karembeu. Il y avait aussi Sylvester Stallone, qui était suivi par des gardes du corps, David Hasselhoff ou Bon Jon Jovi. Le prince Albert de Monaco était également là. Tout comme Nelson Mandela ou Mme Kennedy. » Jones, Woods, Giggs et co... Du monde, du beau monde et, surtout, un mélange des genres qui, après avoir dérouté Béatrice, l'a conquis. « C'est très Anglo-Saxon de brasser les genres, poursuit-elle. Le showbizz, la politique et le sport se mélangent. Dire que j'étais traitée avec autant d'égards qu'un Sylvester Stallone... » Lors de la soirée finale, celle qui consacrait les athlètes mondiaux 99, Béatrice va multiplier les rencontres ou, plutôt, les regards. « Va falloir que j'apprenne l'anglais pour l'année prochaine, sourit-elle. Il y avait Marion Jones, Tiger Woods, les soeurs Williams, David Coulthard, Sergio Garcia, Lindsay Davenport, deux ou trois joueurs de Manchester (Giggs, Johnson et Ferguson), et plein d'autres sportifs de renommée mondiale du passé comme Katarina Witt, Sébastian Coe, Alberto Tomba. Impressionnant. » « Mark Spitz m'a saluée » Et même si elle sera déçue de ne pas monter sur scène pour recevoir le prix de sportif handisport de l'année remis par David Hasselhoff (« C'est Sauvage, une Australienne, qui a gagné. C'est plus difficile de se battre avec un jury que contre un chrono » plaisante-t-elle), elle aura retenu quelques images. « Je me suis, une nouvelle fois, rendue compte que le sportif handisport était plus reconnu dans d'autres pays. Chez les Anglo-Saxons, j'ai l'impression qu'il est considéré comme un sportif valide et qu'il n'est pas jugé sur sa performance, mais sur son travail à l'entraînement et sa passion. » Elle aura également eu l'occasion de (vraiment) rencontrer son modèle. « Chaque nominée faisait l'objet d'un petit reportage, explique-t-elle. Mark Spitz, le plus grand nageur de tous les temps et... mon exemple, est venu me saluer et m'a dit que mon engagement lui plaisait. » Ah, si Douillet... Rentrée vendredi après-midi à Colmar (« De ma chambre, je n'ai plus vue sur la mer... »), Béatrice s'amuse de certaines petites choses. « Je préfère ma vie colmarienne. Je peux comprendre que des gens peuvent prendre goût à la vie que j'ai menée à Monaco, mais mon monde est ici, insiste-t-elle avant d'éclater de rire. Même si, comme à Monaco, le fait d'arriver à l'entraînement en limousine est agréable.» Demain matin, à 7 heures du mat', Béatrice recommencera à aligner les longueurs de bassin. Loin des langueurs des palaces monégasques. «Ce dimanche soir, la ZDF va passer un reportage sur cette cérémonie. CNN, la BBC, la RAI et beaucoup de chaînes de télés étrangères étaient présentes. Les chaînes françaises, hormis Paris-Première, étaient absentes, regrette-t-elle avant de lancer une pique. Si Marie-José Pérec ou David Douillet avaient été nominés, que se serait-il passé?» Sans vouloir (directement) répondre à sa propre question, Béatrice sait qu'elle a encore beaucoup de chemin pour voir son souhait être exaucé. «Nous n'avons pas besoin de solidarité, juste d'un peu de reconnaissance...»

Jean-Christophe Pasqua © Dernières Nouvelles D'Alsace

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